La soeur d'Aline lui a écrit, à propos de ce 1er novembre :
Le premier demain est d'aujourd'hui : je vais me lever vers 8h30 et aller faire un footing. Je me doucherai puis je déjeunerai et ensuite je mettrai le poulet aux herbes au four. Je prendrai le livre que je viens de recevoir : Ouest de F. Vallejo (ter) et je lirai enroulée dans mon plaid (le tien).
On boira du champagne et ensuite on mangera le poulet aux herbes.
Ensuite après avoir tout rangé je ferai la sieste.
Puis je lirai jusqu'au soir. Nous finirons la bouteille de champagne. Ph aura été adorable toute la journée. Nous dînerons au coin du feu (premier de l'année) et ce sera très agréable.
Je me mettrai au lit en me disant que c'était un excellente journée et je finirai Vallejo s'il m'en reste.
Le deuxième demain est de demain soir : je vais traîner au lit comme d'hab et me reprocher toute la journée d'avoir perdu la matinée à me maquiller et à déjeuner en lisant (F. Vallejo). Vers midi ph me demandera ce qu'on mange et je me reprocherais de ne pas avoir mis le poulet plus tôt car il manquera encore une heure de cuisson. Je sortirai le champagne pour le faire patienter et je ferai des allumettes au fromage (alors que je dis toujours : demain, j'en ferai demain, ce qui au passage me fera prendre un kilo (avec le champagne et le pt déj hyper copieux)). Quand le poulet sera cuit il sera 14h. J'aurais oublié de mettre les herbes car je serai, contrairement à lui :
un peu trop cuite ! ph me demandera du fromage en dessert et il n'y en aura pas.
Dès que nous aurons bu notre café, j'irai m'écraser sur le lit pour cuver sans avoir nettoyé la cuisine (ça je ne supporte pas). Je dormirai jusqu'à 17h. Je débarasserai la cuisine. Et je me mettrai au repas du soir. Ph voudra sûrement une petite soupe de légumes mais il n'y en aura pas.
J'ouvrirai une garbure de sa mère et toc !
Nous nous coucherons tôt car la cheminée n'est pas ramonée et elle va se mettre à fumer quand nous allons essayer de l'alumer pour la première fois. Il fera froid dans le salon car nous aurons tout ouvert pour aérer, en plus ça sentira la fumée. Je n'aurais plus rien à lire vu que j'aurais fini Vallejo le matin. Je serai de mauvaise humeur car je n'aurai même pas sommeil.
15 commentaires:
et là ça marche ?
Oui, Marie, tu es très douée ! vite, vite, un commentaire intelligent !
Tu essaies de me coller je le vois bien, mais sache que la pensée, en tant qu’elle est mécanique n’est pas sensible, elle n’est pas la Vie qui sourd en elle et qui la précède. C'est le sentiment qui st antérieur à la pensée qui la provoque. Aussi la pensée provoquant les émotions, elle crée l’image du moi. L'ego qui façonne et déclenche des réactions émotionnelles est en un sens le produit de la pensée. Il peut y avoir une grande différence entre la vérité du sentiment et la confusion des émotions. Mais la pensée peut-elle seulement envisager qu’elle n’est pas en définitive le siège du sentiment ?
Et pourquoi la pensée ne réalise-t-elle pas qu’elle est mécanique ?. La réponse est évidente : « La pensée se croit vivante ». Mais la pensée n’est pas la vie, elle est seulement la représentation de la vie dans la fragmentation des concepts. Voir ceci de manière claire, totale, est en soi une révolution. Ce "voir", cet insight, ou vision pénétrante, n'est pas un sous-produit de la pensée, mais une action directe de l’intelligence. Ce "voir" s’accomplit en pleine lucidité et quand il survient, que devient la pensée ? Elle n’existe plus. La pensée n’a plus sa place quand il y a une perception totale. Et toc !
euhh j'ai oublié de me présenter c'était Soeur Marie T.
Oui, mais où donc se situe cette Intelligence qui enveloppe en même temps la compassion ? Elle n’est pas enclose dans la pensée, elle n’est pas dans la représentation. Elle est en acte dans le voir qui est non-divisé, qui n'est pas constitué par l’intentionnalité. On dit parfois d’une personne qu’elle a un regard intelligent. Il y a une lueur de l’intelligence qui n’est pas celle de la perception physique, cette lueur brille dans la lucidité sans objet (lucidité, lux = lumière). C’est seulement quand l’esprit est comme traversé par le voir qu’il est intelligent et qu’il peut rencontrer l’essence. « Il existe une perception – la perception suprême étant l’intelligence – qui permet l’éclosion, comme pour une fleur », de l’essence… « La perception est totale. Ou, en d’autres termes : les choses sont saisies dans leur essence et dans leur intégralité ». Contrairement à ce que l’on raconte communément, l’intelligence n’est pas une propriété, une possession individuelle et elle n'est pas équivalent au mental. Nous ne pouvons pas avoir de l’intelligence – cela ne veut rien dire – nous ne pouvons qu’être intelligent, et être intelligent ne veut pas dire que je peux, en quoi que ce soit, m’approprier l’intelligence comme mienne. Je ne peux être intelligent que par participation à l’Intelligence. L’intelligence est communiquée dans l’ouverture, de même, elle est restreinte dans la clôture.
Voilà ce que je voulais ajouter, car je pense que ton commentaire est un peu réducteur, il fallait ouvrir un peu la réflexion !!
Attends je vais t'en faire de la lumière (lux) Aline :
Je vois que cette question de la lumière ouvre sur une problématique métaphysique originale, qui a connu au moyen âge de nombreux développements et dont Saint Thomas se fait parfois l’écho (oh oh !). En pensant la lumière selon un dualisme qui la fait être à la fois physique (la lumière du soleil par exemple) et métaphysique (la lumière comme expression de Dieu, énoncée par le fiat lux (eh eh !)), les auteurs du moyen âge ont tenté de résoudre la question métaphysique à partir d’une analogie avec la lumière sensible. En montrant en effet que les mêmes rapports permettent de penser les radiations lumineuses sensibles et suprasensibles, ils ont mis en place la possibilité d’une remontée du créé vers son créateur. Mais, si tu veux, pour comprendre la problématique liée à la question de la lumière, il faudrait faire un retour vers les origines des concepts que le moyen âge a abondamment utilisé.
Mais comme tu me reproches de tenir trop de place et que ça ne fait pas BEAU (esthétique où vas-tu te fourrer ?, je te laisse imaginer la suite...
Alors figure-toi que c'est très intéressant que tu parles de lumière parce que justement bien que fortement différente de notre conception actuelle de la lumière, celle des auteurs de l’Antiquité mérite bien qu’on s’y attarde un peu, car il s’agit sans doute d’un des premiers raisonnements scientifiques, de l’une des premières théories de l’histoire de la science. (ça me passionne) Ce n’est en effet qu’indirectement que les auteurs de l’Antiquité ont introduit le concept d’agent lumineux indépendant de celui qui émet et de celui qui perçoit. Plus porté à l’étude de faits pratiques, les Anciens se sont très tôt intéressés à la sensation la plus importante selon eux : la vision. Ce n’est ainsi qu’au cours de l’établissement de différentes théories que les Grecs ont été amenés à postuler l’existence d’un agent lumineux sortant de l’œil de l’observateur pour se diriger vers l’objet observé sous la forme d’un rayon.
Malgré les conceptions parfois très différentes entre les divers auteurs antiques, il semble que les idées concernant la vitesse de cet agent lumineux soient communes à pratiquement toutes les théories. Si l’on excepte le cas douteux de quelques scientifiques dont les idées qui nous sont parvenues au travers de leurs écrits ne sont pas très explicites, il apparaît clairement que tous les Anciens ont admis que la lumière apparaissait et disparaissait instantanément. Cette conception n’aurait pas sa place dans cet article si les Anciens n’avaient pas proposé de nombreuses justifications à cette affirmation qu’il est instructif d’étudier.
Enfin je te donne le conseil de te pencher là-dessus, c'est vraiment passionnant... et toutes proportions gardées, finalement assez esthétisant !
Je te rejoins tout à fait et ta sortie me donne l'occasion de te parler de mes dernières réflexions sur l'attractivité du latin attrahere : "tirer à soi" et sur la gravité, un double concept qui m'a toujours passionnée. Sur le plan géographique ou sociologique par exemple, car c'est de l’observation des flux entre des lieux qu'on déduit par analogie l’existence d’une force d’attraction exercée par les attributs d’un lieu (site, ressources, masse...) sur les acteurs d’un autre lieu. Excuse les répétitions auxquelles je ne peux couper faute de tronquer mon discours, de le fausser. L’attractivité est une mesure de la force d’attraction d’un lieu, en général d’après la somme des flux attirés par ce lieu.
Pour la physique prérelativiste (en quoi je crois), la gravitation explique l'attraction mutuelle entre tous les corps ayant une masse. Elle est régie par une loi établie par Newton en 1687 ! Le phénomène de gravitation se traduit donc par une force, au sens de la mécanique newtonienne. Ainsi je t'invite à déduire avec moi que :
- plus un corps a une masse importante, plus il exercera une attraction sur un autre corps(ce qui devrait nous réconcilier avec la vie )
- plus les objets sont éloignés moins ils s'attirent (ce qui fait de l'absent un objet perdu)
- l'accélération que subit un objet à cause de la gravitation est indépendante de sa masse (tant mieux nous sommes égaux ! Enfin !)
On constate aussi que cette formule est compatible avec le principe des actions réciproques.
Cette loi est vérifiée expérimentalement. D'un point de vue de technique, elle suffit à faire voler des objets plus lourds que l'air ou pour envoyer des hommes sur la Lune. Elle est considérée aujourd'hui comme une très bonne approximation de la théorie relativiste de la gravitation, suffisante lorsque les vitesses considérées sont très petites devant la vitesse de la lumière ou lorsque la gravitation est voisine de celle de la Terre. Elle ne s'applique plus aussi bien à un couple comme celui de Mercure et du Soleil, où l'espace-temps est davantage déformé.
J'espère que j'ai été claire. Tu vois que nous sommes en phase une fois de plus... C'est pas BEAU ? Soeur Marie T.
Tu fais bien de parler de déformation de l'espace-temps. Comme tu t'en souviens, Papa aimait à raconter qu'une des bases de la théorie générale de la Relativité du Grand Albert, c'est que masse et énergie sont deux volets d'une même chose, comme les deux faces d'une médaille. Mais je me demande si tu étais très attentive quand il en parlait. Donc, je te re-explique : Masse et énergie sont pile et face, de sorte que la quantité de matière influence la quantité d'énergie, et vice-versa. En conséquence, une masse suffisamment lourde –une planète, par exemple– déforme l'espace autour d'elle, de la même manière qu'un ballon déposé sur un drap déforme celui-ci. Une masse tournoyante –une planète, par exemple– déforme plus encore l'espace autour, en fonction de sa vitesse de rotation. Simplissime et extraordinaire, non ?
Si la chose est vraie –et tout ce que la physique a appris depuis Einstein tend à le démontrer– il devrait être possible de mesurer cette "déformation". C'est ce que la sonde américaine Gravity Probe B, lancée le 20 avril 2004, devait tester. Elle a mesuré ces déformations au moyen de quatre gyroscopes, décrits comme étant 100 fois plus sensibles que tout ce qui a existé jusqu'ici. Ces gyroscopes tournent sur eux-mêmes à raison de 10 000 tours à la minute et en théorie, ils devraient osciller très légèrement chaque fois qu'ils passent dans la zone d'attraction de cette déformation de l'espace-temps.
Les perturbations des gyroscopes dont on parle ici sont infimes. Quelque chose de l'ordre du cent millième de degré. Mais si on les détecte, ce sera suffisant pour démontrer la justesse de cette partie de la Théorie de la Relativité.
Pour l'instant, cette sonde n'a pas encore livré tous ses prélèvements, des milliers de calculs doivent encore être établis... quel boulot !
Enfin tu vois, toujours cette vieille passion familiale pour l'astrophysique, que nous partageons tous, n'est-ce-pas ?
Evidemment ! Comment vivre en ignorant l'astro physique ?
Je me permets de t corriger : papa avait le Petit Albert, je le sais car il est sur mon étagère. D'ailleurs c'est un livre que je ne me lasse pas de lire en prenant mon pt déj.
Le Grand Albert avait été écrit par Saint Albert le Grand (v 1193-1280), dominicain et philosophe, maître de Saint Thomas d'Aquin (nous y revoilà ! lux. Il a donné son nom à une place de Paris, la place Maubert (originellement : place du maître Albert) mais qui le sait à part toit et moi ?
Le livre est empreint des idées de Paracelse : la nature est un grand système de correspondances, et celui qui les connaît est non seulement un savant mais aussi une personne de grand pouvoir, car la magie est d'abord et, oserait-on dire, seulement, une technique.
Saint Albert le Grand écrit, mais n'imprime pas. La première édition imprimée est nettement postérieure. Si bien que le livre est interpolé. Il a plusieurs auteurs, certains excellents (Albert le Grand), et d'autres dont on ne sait rien.
Pour ce qui est du Petit Albert, il se veut une actualisation du grand ; l'auteur est de mentalité moderne ; d'un esprit empreint de mentalité magique, mais également rationnel et même pieux.
Parmi les recettes que donne le Petit Albert, il m'en revient une en mémoire qui peut être utile et qui est très facile à tester :
Secret pour faire faire à un cheval plus de chemin en une heure qu'un autre en fera en huit heures :
Vous mêlerez, dans l'avoine du cheval, une poignée de l'herbe appelée satirion, que vous hacherez bien menu. Vous oindrez le haut de ses quatre jambes, au dessus du ventre, avec de la graisse de cerf et, quand vous serez monté dessus, et prêt à partir, vous lui tournerez la tête du côté du soleil levant, et, vous penchant sur son oreille gauche, vous prononcerez trois fois à voix basse les paroles suivantes : Gaspard, Malchior, Merchisar. J'ajoute à ceci que, si vous suspendez au col du cheval les grosses dents d'un loup qui aura été tué en courant, le cheval ne sera pas fatigué de sa course.
Et voilà ! Elle est pas belle la vie ?
Soeur Marie T.
Tu n'as donc pas compris ? Il n'y avait qu'un GRAND Albert pour Papa, c'était Einstein. Il y avait bien un Bébert aussi qui comptait beaucoup pour lui mais cela nous éloigne quelque peu. Bébert qui était d'ailleurs le nom du chat de Louis Ferdinand Céline, comme tu le sais. Je me demande si Papa avait lu Céline. Je sais qu'il lui vouait une haine tenace, non pas à propos de ses positions antisémites, mais parce qu'il avait dit que tout ce qui est né au Sud de la Loire était forcément inférieur. Enfin c'est Papa qui disait que Céline l'avait dit, ce qui est fort possible. Et forcément, il se sentait concerné... où se nichent les ressorts de la haine ?
Oh oui bien sûr ! J'en étais restée à sa lecture favorite, mais j'avoue que j'hésitais avec l'autre Grand Albert que nous connaissons bien. Je veux parler du mari de Ginette. Bébert quoi ! Je ne sais pas si papa avait lu Céline. Notre mère, je sais que non, c'est dommage. Je ne comprends pas les chats tu le sais. Leur caresser les yeux me semble tantôt fastidieux, tantôt risqué (tout dépend de la bête). J'ai peur de leurs récations que je n'arrive jamais à prévoir.
Je sais bien que le chat ne perçoit pas les couleurs ni même les mouvements de la même façon que nous et qu'il ne perçoive pas la couleur rouge et que, d'une manière générale, il distingue très mal les détails. Sa vision est granuleuse sur les images fixes alors qu'un objet en mouvement lui apparaît plus nettement (par exemple une proie en mouvement).
Et oui, d'où sa vision horrifiée de tes doigts proches de ses pupilles... et encore, la vision n'est pas granuleuse ! Avantage sur les humains, ils jouissent d'un champ de vision très large : 285° pour eux contre 180° pour nous. Ils voient donc très bien sur les côtés, atout indispensable pour tout bon prédateur.
Les chats ont une excellente vue de loin, capables de percevoir le moindre geste ou détail lointain. En revanche, ils sont légèrement presbytes et leur vision de près est un peu floue. Une membrane sur l'oeil permet de fixer la lumière (nous y re-voilà) ce qui explique qu'ils voient très bien la nuit...
Quelle poésie, fixer la lumière sur l'oeil. Quelle merveille !
Comme le disait Baudelaire :
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Ah oui c'est un beau poème. Je m'en souviens parfaitement ainsi que d'un autre de Baudelaire, dans les Fleurs du Mal, je crois :
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate (eh oui !)
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.
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