20 juin 2006

Petit inventaire des choses qui vont de travers

Non, bien sûr que non il n'y a pas de quoi se réjouir. Récapitulons :
-moratoire sur la chasse à la baleine : il paraît qu'il est urgent de recommencer à les chasser. Offrons-nous donc un voyage pour aller voir des cétacés. Dans 50 ans, on parlera des baleines comme des dinosaures.
-mal-logés : on peut travailler 8 heures par jour, percevoir un salaire et pour autant ne pas pouvoir vivre ailleurs que dans un taudis. Des enfants grandissent dans des endroits où je ne voudrais pas passer une nuit. Je parle de la France, bien sûr.
-politique : entendu ce matin sur France-Inter. Des "jeunes des cités" questionnés sur leurs intentions de vote aux présidentielles disent vouloir voter pour "Dominique" (De Villepin) parce que c'est le seul qu'ils connaissent avec Sarkozy et que ce dernier est trop sévère. La gauche ? C'est quoi ? Jamais entendu parler. Personne de gauche ne visite les banlieues qui font peur.
-économie : le député du Lot a obtenu une subvention exceptionnelle de 140.000 euros pour renflouer son amie maire de Gourdon, qui a engagé des dépenses un peu excessives dans sa commune, et n'arrive pas à payer les travaux du somptueux centre sportif qu'elle a eu envie de créer. Nous, je, payons pour compenser des erreurs grotesques. Qui dit quoi ?
-Télévision : Ardisson arrive sur Canal Plus. La fin d'un monde. Je me souviens de cette interview du patron de Canal, voilà 10 ans, certifiant que "jamais Ardisson ne travaillerait sur Canal car il n'est pas démocrate" et qu'il était "hors de question que quelqu'un qui prônait le retour de la monarchie et l'abolition de nos institutions" ait voix au chapitre sur cette chaîne. Les dirigeants passent, Ardisson demeure. Honte sur nous qui ne voyons pas arriver l'orage.
-SIDA : les homosexuels se protègent de moins en moins et développent des MST. Suicide ?

Mon monde s'enfonce et va peu à peu disparaître.

Du talent, vite !


A 17 ans et demi, il avait déjà parcouru le globe. A 20 ans il avait déjà connu le succès. A 30 ans la guerre, les femmes, la célébrité. A 40 ans, il avait parcouru le monde dans tous les sens. Là où il fallait être au moment où il fallait y être. Et le talent, bon sang, le talent ! La facilité de la plume, les idées claires, le verbe précis, l'image lumineuse. Alors bien sûr on peut toujours dire qu'il aimait l'argent et préférait publier quelque chose de médiocre pourvu que ça lui rapporte, on peut dire qu'il était drogué, alcoolique, macho et pétri de préjugés. On peut dire n'importe quoi : personne d'autre que Joseph Kessel n'a vécu le 20ème siècle aussi bien que lui.

05 juin 2006

Venise, Cauterets, Carcassonne...


Etrangeté de notre époque ? Voyager arrive à me sembler normal. Je me gronde : regarde autour de toi, tout le monde ne voyage pas, et pas seulement par manque d'envie. Oui, c'est un privilège.
Privilégiée, donc.
C'est curieux, c'est comme si un matin on se réveillait Miss Monde, ou l'homme le plus riche de France (ou le vainqueur de la course autour du monde à la rame. Si, si, ça va exister bientôt, on n'arrête plus le progrès). On est pourtant toujours la même personne, en DEDANS. Mais on nous regarde différemment. Je ME regarde différemment. Et comme Miss Monde qui a peur de devenir vieille ou moche (les deux à la fois, oh quelle horreur, rien que d'y penser elle prend une ride) ou Monsieur Riche qui a peur des mauvais placements, je n'ose même pas imaginer que cela peut changer.
Venise, Cauterets, Carcassonne, perles de mon collier de satisfactions, maillons de ma gourmette de faiblesse, je vous aime.